La ville d'Antibes et la CASA, toutes deux dirigées par le député-maire Jean Léonetti, s'engagent dans une politique anti-cycliste absurde, au mépris de la loi.

Lundi 14 mars, le maire présentait aux membres du Conseil de Développement d'Antibes et des Conseils de Quartier d'Antibes les grands projets de transports pour les années à venir, à savoir :

  • les études en cours pour modifier le plan de circulation d'Antibes
  • le projet de TCSP / BHNS

Le futur TCSP doit relier la gare d'Antibes à Sophia Antipolis. Le projet a été validé dans le cadre du Plan de Déplacement Urbain (PDU) de la CASA adopté en 2008.

Lors de la présentation, on nous montre les profils de voirie donnant la répartition de l'espace entre les différents modes de transport et le stationnement en fonction de la largeur de la rue. Quelle surprise ! Alors qu'un des objectifs affichés du projet est de favoriser les modes doux, tous les aménagements cyclables ont été supprimés des profils validés dans le PDU (cf première partie de Le guide des aménagements de voirie). Comme j'en ai fait la remarque au Maire pendant la séance de questions qui suivait la présentation, le projet présenté ne respecte pas la Loi sur l'air qui impose la construction d'aménagements cyclables pour tout réaménagement de voirie en agglomération. Le député-maire m'a alors répondu qu'il connaissait cette loi puisqu'il l'a lui-même votée. Il a soutenu publiquement que le non-respect de cette loi était un parti pris et que de toute façon la loi était souple.

Déjà en 2010, la mairie d'Antibes avait refait le boulevard Wilson, principale artère permettant de joindre Antibes à Juan-les-pins, sans aucun aménagement cyclable. Puis dans le bilan de la consultation publique à propos du pôle d'échange multi-modal de la gare d'Antibes, on peut lire en page 29/32 en réponse à l'intervention numéro 2 :

Pour le cheminement entre la gare et le pôle, une solution passant par le Pont des Marseillais est étudiée. Le pont étant étroit, on s’oriente plutôt vers un cheminement à pieds sur trottoir, vélo à la main.

C'est effectivement un passage "vélo à la main" qui est retenu dans le Dossier d’arrêt définitif du projet (page 18/28). Le pont étroit dont on parle, accueille actuellement pas moins de cinq voies de circulation automobile...

La politique transport d'Antibes et de la CASA ne se contente pas « d'oublier » de faire des aménagements cyclables, elle prévoit aussi d'en supprimer. Ainsi, la seule voie permettant le passage de l'autoroute entre Antibes et Sophia Antipolis sera supprimée au profit d'une voie de bus. Pour le maire, il sera nécessaire d'emprunter le TCSP pour rejoindre Sophia. Sur la technopole, il sera possible de prendre son vélo puisqu'une boucle cyclable y sera prochainement aménagée.

Alors que plus de 40% de la population d'Antibes réside dans un rayon de 2km autour du quartier Croix Rouge coincé entre l'autoroute et la voie ferrée, on devrait aboutir à cette politique transport absurde où il y aura une boucle cyclable sur Sophia Antipolis, (peut-être) une boucle cyclable sur Antibes Centre mais aucune liaison possible entre ces boucles et le principal foyer d'habitations de la ville. Il sera nécessaire d'avoir autant de vélos que de destinations...

Je terminerai en citant une brochure du Ministère de l'Écologie, de l'Énergie,du Développement durable et de la Mer décrivant les obligations résultant de l’article 20 de la LAURE :

Quels sont les risques à ne pas aménager?
Instabilité juridique du projet : comme toutes les obligations qui incombent aux collectivités territoriales, le non respect des dispositions prévues par l’article L. 228-2 du code de l’environnement peut aboutir à l’annulation des délibérations approuvant le projet soit par la voie d’un déféré préfectoral soit à la demande d’un administré ou d’une association d’usagers cyclistes qui en ferait la demande. Plusieurs cas récents ont été jugés en ce sens.
Ces annulations peuvent d’ailleurs parfois remettre en cause très directement la faisabilité budgétaire de l’opération si des études complémentaires, voire des aménagements non prévus au moment de la réalisation, devaient être nécessaires pour une mise en conformité avec la loi.
Le non respect de cette obligation légale, même après la réalisation du projet, pourrait déclencher, en cas d’accident impliquant un cycliste après la réalisation de l’aménagement contesté, le mécanisme de la responsabilité pénale personnelle du maire prévu à l’article L 2123-34 du code général des collectivités territoriales.